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pèlerins venaient d’heure en heure jeter les yeux sur la fenêtre grillée de la tour. Guiraud, dont la patience était poussée à bout par les refus de Cécile, entra dans sa chambre l’œil sombre et avec tous les signes d’une fureur concentrée. « Je ne sais, » lui dit Cécile, « ce qui vous rend si inquiet, tandis que je me sens soulagée d’une manière toute miraculeuse. Une femme, rayonnante de lumière, m’est apparue cette nuit ; elle m’a dit : « Je suis ta mère, et je viens sur la terre pour mettre un terme à tes chagrins ; tu ne pourras être désormais heureuse qu’en oubliant toute ta vie passée pour en commencer une nouvelle. » Elle m’a fait boire quelques gouttes d’un breuvage céleste, et a ajouté en me quittant : « Tu ne trouveras le bonheur qu’en Aragon. » « Quand je me suis éveillée, il ne m’est plus resté qu’un souvenir confus de mes premières années, et mon esprit errant est revenu sans cesse à l’idée que vous m’avez souvent présentée de vous suivre en Aragon par