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LE DERNIER

duire sur un rocher noir des mers de l’Afrique, pour y mourir, livré aux morsures de deux vautours, celui des regrets, et celui de l’insulte.

« Ce soldat, » me dit St.-Jean « fera chanceler les rois, mais raffermira pour un temps la royauté. Après lui, le torrent des causes naturelles qui tendent à détruire cette institution reprendra son cours. Les maîtres des nations s’épuiseront en vaines tentatives pour se maintenir. Ils négocieront, manœuvreront, menaceront, guerroyeront et s’éteindront. Le fardeau royal qu’ils seront obligés de rendre plus pesant, en voulant le mettre hors d’atteinte, se détachera et roulera sur eux, comme le rocher de Sisiphe. »

« Je voyais en effet le trône du soldat occupé d’abord par un vieillard cauteleux, qui disait, en mourant, à son successeur : « sache bien, » ô mon frère ! « qu’un abîme est ouvert devant toi ; » mais le frère aveugle et entêté se laissait conduire à l’abîme par des courtisans et des chapelains.