Page:Le dernier des Trencavels 4 Reboul Henri.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
LE DERNIER

quelques instans couvert d’un voile de vapeurs. Lorsqu’elles se dissipèrent, les mêmes contrées me furent représentées selon la divine parole de mon interprète, telles qu’elles devaient être après un intervalle d’environ deux siècles.

« Elles m’apparurent à demi incultes, habitées par une population rare, morne, silencieuse et assujettie à des moines corpulens, qui distribuant aux pauvres du pain et des aumônes les dispensaient du travail. Les habitans des villes, renonçant à toute industrie, s’appauvrissaient au milieu des trésors sans usage, qui leur venaient d’un autre monde. Ces villes communiquaient difficilement ensemble, par le défaut de chemins, et des bandes de voleurs infestaient le pays. La royauté s’y montrait fastueuse en raison de sa faiblesse, soit au-dedans, soit au-dehors. Ses armées, ses flottes allaient se désorganisant, et aucun mouvement réparateur ne pouvait se manifester, sans être promptement comprimé et étouffé.