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LE DERNIER

port pour chercher une embarcation qui pût me conduire à Constantinople, une rumeur soudaine m’attira vers un navire voisin. On demandait du secours pour un Arménien qu’une attaque subite avait privé de tout mouvement, et qu’on disait prêt à expirer.

« Je vis ce malheureux et ne désespérai point de sa vie. Les topiques brûlans appliqués sur ses membres et le vomissement produit par une potion d’ellébore lui rendirent bientôt l’usage de ses sens. Comme je me retirais du vaisseau, un matelot de l’équipage me dit : « Ne vous flattez point d’avoir rendu la vie à cet homme par l’effet de vos remèdes ; sachez que ce personnage n’est autre que le Juif errant(16), qui est immortel, ou du moins condamné à vivre jusqu’au jour du jugement dernier. » — « Ma curiosité fut vivement excitée par cette étrange confidence ; je fis mille questions au matelot qui me répondit : « Celui que vous avez vu à demi mort, est le même qui portant au-