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DES TRENCAVELS.

chant déréglé vers l’indépendance. Il m’avoua qu’il n’avait quitté Marseille qu’à raison de la mutinerie des ses habitans, qui encore imbus des maximes de l’ancienne Phocée, s’étaient affranchis à prix d’argent de l’autorité féodale, et se refusaient à entrer sous ce joug salutaire, préservateur de l’anarchie(14).

« L’état de faiblesse où se trouva ma fille à notre arrivée à Saphet fut suivi de quelques accidens, qui ne permirent pas de continuer le voyage. Benoist lui prodigua ses soins et cherchait à préparer sa mère aux consolations religieuses. Zaïde, qui n’attendait plus rien de mon secours, se livrait plus que jamais aux espérances qui viennent du ciel. Ces espérances furent trompées et nous perdîmes Béatrix.

« La douleur de mon épouse me faisait presque oublier la mienne. L’amertume de mes regrets était détournée par l’effroi de tout perdre en perdant Zaïde. La source de ses larmes s’était desséchée ; immobile et muette, elle ressemblait à la statue du Silence assise sur un tombeau.