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patrie et de religion. Nous l’éprouvâmes bientôt Zaïde et moi. Je tombais, à son approche, dans un état de contrainte que je ne pouvais vaincre, et, en la quittant, je ne songeais plus qu’aux moyens de la revoir. Zaïde me reprochait mon silence, l’ambiguïté de mes discours, et même ce qu’elle osait appeler mon indifférence. Les souvenirs du malheureux docteur Abélard venaient souvent occuper ma pensée. J’imaginai que le récit de ses amours et de ses infortunes apporterait quelque adoucissement aux peines et aux dangers de notre situation. Je remis à Zaïde le chant qu’un de nos trouveurs a composé sur cette lamentable histoire. Elle le lut avec transport, et essaya de le chanter en s’accompagnant de son luth. Ses regards se détournaient souvent sur moi ; et, sur la fin, voyant les pleurs qui s’échappaient de mes yeux, malgré tous mes efforts, elle laissa tomber son luth, se jeta dans mes bras, et, mêlant ses larmes aux miennes : « Sois mon Abélard, » me dit-elle,