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LE DERNIER

plus tard le poète eut un roi pour rival. Le plébéien fut aimé et exilé, mais il ne cessa pas de se croire plus heureux que son vainqueur(4).

Depuis la mort d’Adélaïde, il allait tous les ans dans le monastère de Cassan, où elle était ensevelie, jeter des fleurs sur sa tombe, et composer un cantique nouveau.

Agnès lui avait fait accepter un asile auprès d’elle. Il était le confident de ses pensées. Elle dirigeait ses affaires d’après ses conseils ; elle était même devenue l’objet des dernières chansons de ce nouvel Anacréon, et se livrait au charme d’une intimité qui lui semblait suffisamment protégée contre l’imprudence des passions et les caquets de la médisance.

Le troubadour Isarn consumait ses momens aux chants d’amour, car ses chants n’étaient point ceux du gai savoir. Il ne peignait que les peines d’une espérance éludée et le tourment d’une sympathie déçue. Il cherchait les lieux solitaires et se plaisait surtout à errer dans les bosquets silen-