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LE DERNIER

les soins de l’avarice, et se trouve réduit à prendre les habits d’un pêcheur. Sous ce déguisement, et ayant la tête couverte d’un capuchon de couleur brune, il parvient à Sérignan, et se jette dans une barque qui le conduit à Narbonne. Pendant ce trajet, sa demeure est mise au pillage, ses meubles somptueux sont traînés dans la boue ; les hommes du peuple se partagent ses vins d’Italie et d’Espagne ; les gens de sa suite sont poursuivis, insultés, ou jetés dans les égoûts de la ville.

Trencavel entra dans Béziers au moment où ce peuple s’y livrait au double délire de la joie et de la vengeance. Le spectacle de l’alégresse publique ne put charmer les yeux du jeune prince qui demeuraient fixés sur les édifices écroulés, les murailles pendantes et enfumées, les amas de débris entassés sur son passage.

« Mon Dieu !, » s’écria-t-il, « est-ce là l’ouvrage de vos ministres ? Et qu’auraient pu faire de plus les agens des démons ? » Étienne de Servian, l’un des principaux