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LE DERNIER

« L’Occitanie demande et attend sa reine, dont la présence jetera un voile sur nos malheurs passés. Tout ce qui s’est fait en son absence ne nous paraîtra plus qu’un songe.

« Qu’elle nous ramène les amours ; nous avons cessé de combattre, nous n’avons plus qu’à chanter. »

Mais ni le retour prochain de la belle Éléonore, ni l’alégresse des Toulousains ne pouvaient distraire Raymond du chagrin qui le consumait ; une langueur accablante tenait ses organes engourdis et flétrissait toutes ses pensées. Il supportait la vie comme un fardeau que la crainte de l’avenir rendait plus pesant ; la déroute des croisés lui avait fait éprouver de la surprise plutôt que de la joie, et bientôt il en parut effrayé comme d’une nouvelle offense commise envers Rome. Il appelait sans cesse auprès de lui les templiers qui lui étaient demeurés fidèles, et ne s’entretenait avec eux que des moyens de se faire absoudre de l’excommunication.