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LE DERNIER

ravins, recouvrent les rochers et les forêts remplissent toutes les cavités ne laissent apercevoir que des sommets entourés de cet océan vaporeux et semblent séparer de la terre le voyageur étonné, pour le ravir au ciel, dont l’azur est devenu plus éclatant.

Le templier enseignait à ses compagnons les noms des montagnes et des vallées. Il en parlait sans émotion, comme d’un objet rendu familier par l’habitude. Le moine de Citeaux voyait tout d’un œil insensible et hébété. Cécile admirait soupirait et se taisait, mais le vieux Foulques ne pouvait se soustraire au mouvement d’enthousiasme que ranimait dans son âme ce magnifique spectacle. Il sentait sa verve se rallumer les souvenirs de sa jeunesse venaient l’assaillir, et lui faisaient chercher involontairement sa lyre de trouveur. Il oubliait dans l’élan de ses nouvelles pensées les calculs de l’ambition les soins de l’avarice les fumées de l’orgueil et les conseils impitoyables de la politique.