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LE DERNIER

« Mon adorable mère, » répondit Trencavel, « aucun fardeau ne m’effraie s’il m’est imposé par vous et par ma Cécile. Mais qu’ai-je à faire de serviteurs et de ces tributs d’obéissance et d’hommages ? Je n’ai rien connu de tout cela dans les lieux que j’ai habités pendant mon enfance. J’ai aimé ceux qui m’ont adopté, comme j’ai été aimé d’eux. J’ai adoré Cécile et je l’ai obtenue ; j’ai retrouvé ma mère, sans perdre celle qui en a long-temps tenu auprès de moi la place et le nom. Ne serai-je devenu prince que pour échanger une existence tissue d’affections et de douceurs, contre un enchaînement de privations et d’ennuis ? »

Raimbaud, qui était présent à cet entretien, dit au vicomte : « Vous serez toujours à temps de vous soustraire au fardeau de la puissance, et de sacrifier vos titres au culte de l’amitié et des muses, comme d’autres les ont sacrifiés à l’amour de la pénitence et de la vie ascétique ; mais le sang de Trencavel qui coule dans