Page:Le dernier des Trencavels 3 Reboul Henri.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
LE DERNIER

atteignîmes le bourg de Roujan, laissant sur notre droite les vergers de Néfiès, couronnés de pampres et de grappes à gros grains bleuâtres(2).

Bientôt nous vîmes le monastère dont la vaste enceinte est assise dans l’intervalle de deux collines, formées d’une roche aussi noire que celle de St.-Tibéri, mais spongieuse, et mélangée de scories. Une forêt de chênes verts en couronnait le faîte.

Les religieux reçurent avec de respectueux égards le descendant de leurs bienfaiteurs et son auguste mère.

Quelques-uns, cependant, se demandaient entre eux si le jeune prince n’était point excommunié ; mais le prieur étouffa dans leur naissance ces questions indiscrètes.

« Gardez-vous, » dit-il à ses religieux, « d’élever des difficultés dans un moment où nous avons tout à craindre de l’inimitié du vicomte, et tout à espérer de sa protection. Vous savez que les hérétiques sont rentrés à Gabian, et que, dans