Page:Le dernier des Trencavels 2 Reboul Henri.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
LE DERNIER

les courtes années de leur voyage sur la terre.

« Puis-je ignorer maintenant, » disait-il, « à qui je suis redevable de cet amour de la gloire si tardivement éclos, et de tous les chants nouvellement inspirés à ma muse jusques-là ignorée et enveloppée dans ses langes ?

« C’est Cécile qui a élevé mon âme au ciel ; c’est elle qui m’a rendu à la terre et tracé la carrière que j’y dois suivre : mais sans elle que ferai-je et que vais-je devenir ? Depuis que j’ai commencé à sentir la vie, je n’ai vécu que par elle. C’est pour elle désormais qu’il me faut vivre, ou cesser d’être.

« Combien de fois dans mon ardente amitié, j’ai regretté qu’elle ne fut pas ma sœur, et converti ce regret en une douce illusion, quand je contemplais la ressemblance de ses traits avec ceux de mon adorable mère, ou quand j’écoutais leur voix frapper mon oreille d’un même son.

« Je n’aimais que ma mère avant d’avoir