Page:Le dernier des Trencavels 2 Reboul Henri.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
DES TRENCAVELS.

n’en ai point de regret, car la vie m’est amère. Écoute mes malheurs et accomplis le dernier vœu qui me reste à former. Foulques ne m’a jamais aimée : il n’a jamais aimé que le vain fantôme de l’ambition et des honneurs. Il ignore les charmes de la sympathie ; il est insensible aux caresses des enfans et aux délices de la vie domestique. La poésie n’a d’attrait pour lui qu’autant qu’il peut la vendre au pouvoir. Au lieu de s’élever par sa muse au-dessus des grands, il la rend comme lui servile et convoiteuse. J’ai long-temps ignoré les causes de sa tristesse et de sa mauvaise humeur. Ses vœux et ses projets ont éclaté par degrés. Les circonstances politiques ont allumé ses désirs, ont ouvert à ses yeux une carrière nouvelle. La Castille et l’Aragon, menacés par les Africains, les sectes de l’Occitanie prêtes à attirer sur ce pays la vengeance des papes, tout lui fait sentir le besoin de jouer un rôle plus important que celui de trouveur. Les nœuds qui nous unissent sont mainte-