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LE DERNIER

rober aux soins des affaires. Ses messagers lui rapportaient les chants que son mari et son fils avaient composés pour elle dans ces longues veilles militaires, où les âmes sensibles échappent seules à l’ennui.

Il y avait déjà plusieurs mois que nos journées s’écoulaient paisiblement dans notre belle demeure d’Arnave, et je commençais ma vingt-quatrième année, quand Aliénor dit à Raimbaud : « L’enfant qui nous est confié est parvenu à l’âge où l’homme devient capable d’agir par lui-même, et échappe aux mains qui ont gouverné son enfance.

« Cette indifférence ou lenteur d’esprit, qui a flétri ses premières années, s’est maintenant évanouie ; elle a fait place aux agitations de l’adolescence. Je ne sais quelle inquiétude involontaire et capricieuse tient ses esprits occupés.

« Pendant quelque temps sa pensée a paru absorbée par les exercices pieux et les méditations d’une dévotion mélancolique. Depuis quelques jours les germes des