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LE DERNIER

n’essayons point de décrire ce qui est au-dessus de nos paroles. Que des poètes lascifs trempent leurs pinceaux dans les couleurs de la volupté pour exprimer l’ivresse de leurs sens et leurs plaisirs d’un jour ; les sensations de bonheur que la nature enseigne à l’innocence par l’entremise de l’amour, n’ont point été connues de ceux qui ont cru pouvoir les peindre dans leurs vains récits.

Adon et Cécile furent instruits par la nature ainsi que nos premiers parens Adam et Ève, qui, créés l’un pour l’autre, se rencontrèrent dans un bocage d’Eden, et n’en sortirent point sans avoir appris d’eux mêmes tout ce que le besoin de s’aimer et de mettre sa vie en commun peut enseigner aux créatures humaines(9).

Les dons de Dieu ont été corrompus, des voluptés grossières ont séduit la foule des hommes ; les organes de l’amour ont été prostitués comme ceux de la pensée : mais quelle que soit la dégradation où peut tomber l’espèce humaine, on reconnaît