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DES TRENCAVELS.

de l’autre fut visible, lorsqu’ils apprirent du serviteur de la dame quelle était la personne qui venait s’abriter chez eux contre l’orage. Les habitans de cette chaumière parlaient avec un accent étranger le langage du pays. Leur démarche et leurs manières faisaient naître la pensée qu’ils n’avaient pas toujours mené la vie des champs. Raimbaud surtout ne pouvait se lasser de les examiner, et cherchait dans les traits de leurs visages la trace d’anciens souvenirs. Enfin, les mouvemens de la curiosité cédèrent à la surprise qu’il éprouva, lorsqu’il lui vint dans l’esprit qu’il avait vu familièrement ses hôtes à la cour de Montpellier. Il retrouvait dans le paysan tous les traits de Burgondion, le plus jeune des fils(1) du comte Guillaume, et le frère chéri d’Agnès, à qui devait le jour l’enfant sauvé de Carcassonne. Il croyait reconnaître, sous les habits grossiers de la ménagère, la belle Anaïs, de la race des Commènes, parente de cette impératrice Eudoxie, qui passa(2) du palais de Constantinople à la seigneurie de