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LE DERNIER.

fois le sentiment de la méfiance ne l’abandonna pas dans son dévouement ; il fit appeler Raimbaud de Montaillou, et, lui ayant communiqué la proposition faite au nom du légat, il ajouta ces paroles : « En me livrant au meurtrier de mes sujets, à l’incendiaire de ma ville de Béziers, j’obéis, non à la persuasion, mais à la nécessité. Si mes pressentimens sont injustes, j’aurai été plus sage que confiant ; s’ils se vérifient, je serai du moins la seule victime de ces perfides ; car mon peuple sera mis à l’abri de leurs atteintes ? Toute ma sollicitude se porte maintenant sur mon fils. Dieu me préserve de le laisser à leur merci ! c’est à toi, Raimbaud, que je le confie. Sa mère est au pouvoir des croisés ; bientôt ils pourront disposer de son père. Je te laisse le soin de le dérober à leur cruauté et à leur avarice. Tu connais l’issue souterraine(5) qui conduit de ce château aux tours de Cabardès : prends avec toi mon enfant ; fais ton escorte des plus déterminés de nos guerriers, et de ceux qui n’ont qu’un bûcher à attendre s’ils