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DES TRENCAVELS.

prédications des cathares ou bonshommes, albigeois ou aragonais(24), n’ayent séduit beaucoup de nos sujets ; mais ce n’est ni à moi ni aux seigneurs mes vassaux qu’il faut s’en prendre. Ces prêcheurs sont pauvres et parlent à des pauvres ; ils déclament contre le luxe et les déportemens des clercs riches et mondains ; eux-mêmes vivent dans la pénitence et mènent une vie exemplaire : voilà tout le secret de leurs succès. L’aigreur et les mauvais traitemens ont écarté de plus en plus ces hommes de la croyance professée par leurs persécuteurs ; et c’est par haine et passion qu’ils sont tombés dans des erreurs damnables touchant le dogme. Si vos décrets de censure ne portaient que sur les fanatiques propagateurs de fausses doctrines, on pourrait avec quelques ménagemens les mettre à exécution, et obtenir la fin qu’on se propose ; mais cette exécution prompte, pleine et entière, équivaudrait à l’extermination du pays ; chose que les seigneurs et moi ne pouvons vouloir, et que nous ne pourrions faire quand même nous le voudrions. »