toujours maintenus dans l’obéissance par ce maître impérieux. Le domaine du St.-Siège fut étendu par lui des bords de la mer Toscane à ceux du golfe Adriatique. Le principe de sa politique fut de ne jamais employer la force qu’après avoir épuisé les moyens de la ruse. Il soutint les mêmes prétentions que Grégoire VII avec la même hauteur et bien plus de succès. Plus tard, le cours des années et l’ivresse de ses victoires semblent avoir disposé son caractère à l’impatience et à l’aigreur : l’invasion du fils de Philippe-Auguste en Angleterre le jeta dans un accès de fureur qui lui coûta la vie.
(14) Raymond se méfiant de l’abbé de Citeaux,
le pape Innocent III envoya un autre légat nommé
Milon, en lui enjoignant secrètement de ne rien
faire sans l’ordre de l’abbé. « Vous ne serez, » dit-il,
« que son organe, attendu que le comte de Toulouse
le tient pour suspect et qu’il ne se méfie
pas de vous. »
Après la mort de Milon les mêmes instructions
furent données à Thédise ; et à ce sujet Innocent III
écrivait à l’abbé de Citeaux : « Nous lui
avons ordonné de ne rien faire que ce que vous
lui prescrirez, et d’être l’instrument dont vous
vous servirez, en sorte qu’il sera comme l’hameçon