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LE DERNIER

vous qui avez résolu de mourir, et n’y a-t-il plus de remède au mal que vous éprouvez ? » — « Bon chevalier, » dit-elle, « je ne veux rien vous dissimuler. Je suis née dans le malheur ; j’ai vécu, je mourrai avec lui. Les larmes de ma mère ont élevé mon enfance ; elle avait conservé les restes d’un poison dont s’était servi mon père, pour se délivrer des ennuis d’une prison, où on le tenait enseveli après l’avoir privé de la vue(7). J’ai recueilli ces restes et les vêtemens de ma mère pour tout héritage. L’amour m’a séduite un moment, mais ne m’a jamais rendue heureuse. Je me suis toujours crue étrangère à ce monde et répudiée par lui. Burgondion m’aimait ; mais il a une âme faible et incapable de me faire un autre univers. Dès que je suis entrée dans la prison du monastère, j’ai eu le projet de suivre l’exemple de mon père, et plusieurs fois j’ai porté le poison à ma bouche. Les mouvemens de l’enfant que je porte dans mon sein ont fait chanceler ma résolu-