Page:Le conseiller des femmes, 9 - 1833.pdf/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137

son bâton de houx, il ne bougea plus, que quand ils furent tous hors de la vue de ses yeux fixes et perçans.

Marguerite le trouva joli, ainsi perché en girouette, sur cette espèce de clocher grisâtre. — Mais il tombera ; voyez ! voyez donc, Violette ? dit-elle, en frappant doucement Violette, inattentive à tout ce qui se passait. — Ah ! oui madame ! répondit Violette en tressaillant : il fait une chaleur mortelle, et cet enfant est bien libre, est bien heureux là-haut ! — Oui, par l’habitude d’y rôtir, sans doute, s’écria d’Istel. — C’est un charme comme vous me répondez, reprit Marguerite avec un sourire inquiet ; il faudra ce soir me raconter bien des choses.

— Passerez-vous, madame, au pied de cette montagne, sans voir l’ermite ? demanda le page. Notre guide assure que c’est une femme, et qu’elle est si vieille, si vieille, que depuis un grand nombre d’années elle ne fait plus que semblant de vivre. — Semblant de l’oublier, peut-être, dit Marguerite. Si l’on peut redescendre vers Pau de l’autre côté de la montagne, nous ajouterons cette grave curiosité aux merveilles de notre voyage, et nous aurons de grandes aventures à raconter un jour à la cour de France.

Crois-tu qu’on s’y rappelle de nous ? poursuivit-elle, en passant familièrement son bras sous celui de Violette, pour s’aider à gravir la montagne ? mon frère ne m’a rien écrit de si tendre que la lettre dont le post-scriptum m’annonce un horrible sacrifice… tu sais ma fille !… Violette pressa doucement le bras de la reine, sans lui répondre. — Il pense à nous, dit-il ; il y pense toujours ! Ce n’est pas vrai… ne plus croire, ô douleur ! ne plus croire ce qu’on aime ! te figures-tu nos deux images épouvantées devant cette fête impie et flamboyante ? Non, non, il ne pensait pas à nous ; il aurait vu mon