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ment les dispositions innées de chacun et de ne pas se conduire avec tous, par une règle unique.

En thèse générale, on fait lieu ce qu’on aime et nous n’en doutons pas, les arts et les sciences feraient beaucoup plus de progrès si chacun était placé dans sa spécialité de choix. Beaucoup pensent que les passions sont subversives de tout ordre social ; nous croyons, nous, qu’elles sont la condition de l’existence de tous et de chacun, et nous ne sachions pas qu’un être puisse exister sans passion. Chez l’un, c’est le besoin d’aimer ; chez l’autre, le besoin d’acquérir ; celui-ci veut de la gloire, à celui-là il faut des honneurs ; l’enfant se passionne pour un joujou, la mère pour son fils, le vieillard pour la vie qu’il est près de quitter ; vous c’est la science qui vous passionne, lui, ce sont les arts ; mais toujours et partout la passion commande et règne. Elle fit les martyrs et les héros ; les Néron et les Marc-Aurèle, et si l’on demandait au malheureux qui s’est livré au crime, quel démon l’y a poussé, il répondrait : la passion… passion de sang et de meurtre parce qu’elle n’a pas été dirigée, mais qui aurait dû tourner au profit de la société.

Dieu nous a créés bons et portés au bien, lorsque notre nature se vicie le tort n’en est pas à lui, mais à ceux qui nous ont élevés et qui, dès notre enfance, ont négligé de donner un but utile à notre activité, de réprimer nos mauvais penchans. En général, par qui sont commis les crimes ? par ceux qui sont placés au dernier rang dans la société ; êtres privés de tout, que la vue du luxe tente, que la misère entraîne, que l’ignorance perd ; enfans de Dieu, pourtant, que le monde repousse et qui expient dans des lieux de débauche,