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crevasses, les tumeurs glanduleuses, les douleurs aiguës, sont presque toujours la conséquence de l’oubli de ses devoirs.

Un fait à remarquer, parce qu’il repose mathématiquement sur une démonstration de chiffres, c’est que dans les rangs les plus élevés de la société, l’instinct de la jeune mère se dénature bien plus souvent. Entraînée par l’attrait du plaisir elle craint l’esclavage de l’allaitement et confie à des mains payées un soin que Dieu lui avait réservé. Cependant à celle-là toutes choses sont rendues faciles par les avantages de la fortune, et elle est d’autant plus coupable, que placée à un rang élevé de l’échelle sociale, elle sert de terme de comparaison aux classes inférieures. Or, pourquoi craindrions-nous de le dire, pourquoi craindrions-nous d’exprimer toute la douleur qu’un pareil ordre de chose jette dans nos cœurs ? Notre but est de remédier autant que possible aux imperfections de notre sexe, nous devons donc avoir le courage de l’attaquer de front, lorsqu’il nous semble si gravement compromettre ses intérêts.

La mère que des raisons insurmontables n’empêchent pas de nourrir son enfant, se prive, en le confiant à des mains mercenaires, des sensations les plus douces pour un cœur de femme. On dirait que dépourvue de toute tendresse, sa nature est étrangère aux sentimens généreux d’amour et de dévouement dont Dieu semble avoir doté la femme pour le bonheur du genre humain ! En effet, comment la mère qui, libre de tous maux, renonce volontairement à soigner son enfant pour le confier à une nourrice, peut-elle espérer que celle-ci dont le propre enfant réclame toute l’attention, aura pour le fils d’une étrangère les soins qu’elle même semble refuser de lui donner ? Dans plusieurs parties du monde,