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de recevoir la promesse de l’un de mes amis, officier de la marine royale, d’admettre Louis à son bord comme pilotin, en attendant que sa bonne conduite et les connaissances qu’il continuera d’acquérir dans son état de charpentier, le fassent recevoir en qualité de maître.

Dans un mois Louis devra se rendre à Brest, où le navire est mouillé, et s’y embarquera pour une longue expédition d’où, j’espère, il reviendra avec de l’avancement. Puisse-t-il vous retrouver alors, et vous rendre une partie de ce qu’il vous doit. En attendant, ma bonne Madeleine, vous allez avoir besoin de tout votre courage pour vous séparer de votre cher enfant ; mais je sais que ce courage ne restera point au-dessous du sacrifice.

Afin que des embarras d’argent ne viennent point ajouter à vos peines, vous trouverez ici une somme destinée au voyage et à l’équipement de Louis.

Croyez ma chère Madeleine, que ma femme et moi nous sommes heureux d’être pour quelque chose dans votre bonne action, etc. »

— Et maintenant, dit Madeleine en joignant pieusement les mains sur son cœur, tandis que deux larmes de joie coulaient sur sa figure ; maintenant je puis mourir en paix, car ma tâche est remplie.

La vieille femme se hâta de se rendre à l’église, où s’agenouillant devant l’autel, elle remercia Dieu avec ferveur de ce dernier bienfait, puis rentra chez elle et ce fut sa dernière sortie. Soit que l’émotion qu’elle venait d’éprouver fût trop forte pour son corps usé, ou que son heure fût ainsi marquée, Madeleine en passant le seuil de sa porte, au retour de l’église, se sentit défaillir et se mit au lit, où elle souffrit peu et s’éteignit