Page:Le conseiller des femmes, 6 - 1833.pdf/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
85

d’une liberté sage et d’une sage instruction naissent toutes les vertus !… À nous aussi donnez donc la liberté ! »

Voilà ce que les femmes pourraient dire pour diminuer les frayeurs paniques de leurs seigneurs et maîtres, elles pourraient dire encore comment, pénétrées de la sainteté de ces devoirs, qu’on semble craindre qu’elles n’oublient, elles sont et veulent rester femmes avant tout ; comment, pour elles, l’instruction ne peut être un but, mais seulement un moyen de remplir leurs loisirs, de calmer une imagination trop ardente, d’embellir les jours d’un père, d’un époux, de se rendre plus capables de donner dans leurs fils, à la patrie, de vrais citoyens.

L’instruction n’est en effet, et ne peut être que cela pour la plupart des femmes. La liberté dont jouit le jeune homme, à qui nos mœurs, de même que la prévoyance de tendres parens, permettent de laisser l’entière disposition de son temps, dans l’âge où il est si bien rempli par l’étude, n’est jamais le partage de la femme. Lors même que tout concourrait à lui procurer de longs loisirs, elle trouverait, dans les bienséances, des obstacles invincibles à profiter des ressources sans nombre, qui sont offertes au jeune homme studieux. Le titre de femme, le plus beau de tous quand la femme sait être femme dans la noble acception du mot, est une barrière infranchissable qui l’entoure toute la vie, à tous âges, et la relient dans un cercle souvent étroit. Quelques-unes savent l’agrandir, ce cercle obscur où, si difficilement, l’homme laisse pénétrer les fugitifs rayons de la lumière parfois douteuse du savoir ; d’autres ont la hardiesse de franchir la limite posée par la nature… Demandez à celles-là si elles sont heureuses !

Ce qui distingue surtout la femme entre tous les êtres créés, c’est la passion du devoir ; aussi, j’ose le dire,