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abord très-difficile, et d’une étendue telle, que trois onces de cervelle de plus ne suffisent, en conscience, qu’à certains êtres privilégiés, pour arriver à le bien comprendre.

Mais, dira-t-on peut-être, il est étrange que le cerveau complet de l’homme, ne puisse atteindre au résultat auquel arrive si aisément le cerveau incomplet de la femme ?

Eh ! messieurs, c’est que l’ame n’est pas dans le cerveau. Je ne vous dirai pas où elle est, car je n’en sais rien ; apparemment elle a un trône chez nous, puisqu’elle y règne en souveraine ; et c’est à vous, qui savez tout et qui seuls pouvez tout savoir, à nous dire quel est son siège. Si vous le mettez dans les nerfs, eh bien ! les nerfs compensent chez nous, relativement à l’âme, ce que nous avons de moins que vous en matière à intelligence.

De tout ceci ressort encore une autre grande vérité ; c’est que si la supériorité de l’homme, sous le rapport intellectuel est incontestable, la supériorité de la femme, sous le rapport moral est de même incontestable ; d’où je conclus égalité. Oui, égalité : deux êtres, deux choses peuvent avoir un mérite égal, sans avoir le même genre de mérite ; cela s’est vu, se voit et se verra, tant que le monde sera monde.

Dans les temps anciens cette supériorité morale de la femme fut divinisée ; aujourd’hui, après bien des siècles de barbarie et d’erreurs, elle commence à être avouée dans les pays civilisés. Mais, soit à tort, soit à raison, l’homme la reconnaît sans inquiétude, sans jalousie ; ce n’est pour lui qu’une de ces supériorités secondaires, si l’on peut marier deux mots

L’un de l’autre étonnés,

que le plus fort laisse au plus faible, par condescendance et par indifférence surtout.