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très-inférieurs aux siens, va plus loin que lui dans tout ce qui demande cette force morale, bien autrement grande et puissante que la force musculaire et que les facultés intellectuelles seules.

Il y aurait donc folie à vouloir lutter contre les conséquences inévitables d’une organisation différente ; il y aurait donc folie à prétendre que ces deux organisations si dissemblables doivent et peuvent produire les mêmes résultats. Laissons à l’homme la matière, animée par les dons plus ou moins heureux de l’intelligence ; notre part est assez belle pour que nous n’ayons rien à lui envier, puisqu’en dépit de la faiblesse de notre constitution, le monde moral nous appartient ; puisqu’avec un cerveau boiteux, nous concevons ce qui seul est la source de la vraie grandeur ; puisque nous y puisons, comme l’enfant puise la vie au sein de sa mère, sans avoir eu besoin de recourir d’abord aux lumières du savoir.

Ilotes par l’effet de l’organisation que nous donne la nature ; ilotes par l’effet des préjugés et des lois, nous aurions très-mauvaise grâce et fort mauvaise chance à nous révolter contre des êtres si supérieurs ; nous aurions mauvaise chance aussi et mauvaise grâce à prétendre les suivre dans le domaine de l’intelligence. Guidons seulement l’homme enfant dans celui du sens moral, et réjouissons-nous de voir quelques hommes faits devenir rois dans notre empire. Le nombre en sera toujours petit : car si les hautes conceptions intellectuelles sont au-dessus de notre portée, les sacrifices de tous les jours à la vertu ; le dévouement sans bornes au devoir ; l’abnégation complète de soi-même ; la patience dans le malheur ; le courage de la mère ; la générosité de l’épouse, l’amour filial de la fille, avec leurs immenses exigences, forment un petit cours de sciences morales, d’un