Page:Le conseiller des femmes, 6 - 1833.pdf/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
95

tableau est bien peu de chose, c’est le dessin. Certes un coloris chaud et vrai, une brosse vigoureuse et facile ne sont point des dons médiocres ; mais combien de fois ne les voyons nous pas servir à cacher l’absence de toute science linéaire ? — Il est encore une qualité non moins importante chez un peintre : c’est ce tact qui harmonise tous les détails d’une composition, qui met ensemble arbres, ciel, eaux, terrains, etc., etc. Ceci me semble manquer totalement dans le dernier tableau de M. Fonville. Tout en reconnaissant le pas immense qu’il a fait depuis sa première vue de la Pape, nous regrettons de trouver dans la dernière, des arbres (charmans comme étude) mal enracinés et ne tenant pas à la terre, un joli ciel, de bons détails pris séparément font honneur à M. Fonville, mais l’ensemble ne présente pas du tout le grandiose du modèle. Qui reconnaîtra le Rhône dans cette eau honteuse et mesquine ? Et ce village, qu’on aperçoit aux arrières plans, est-ce là la vue magnifique de Lyon en arrivant par la route de Genève ? Le défaut que nous reprochons à M. Fonville, ne lui est pas habituel, et je lui sais des pages où il faudrait être bien adroit pour trouver à reprendre. Il est probable que le soin extrême qu’il a apporté dans les détails de sa composition, lui en a fait négliger l’effet général ; du reste, vrai dans sa couleur, correct dans ses accessoires, l’exécution de ce morceau contribuera beaucoup à la réputation de l’auteur, placé déjà d’une manière fort honorable parmi nos jeunes peintres.

Mlle J. D.