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cette montagne couverte de sapins m’apporte l’odeur résineuse qu’on respire dans ces régions élevées… ; cette verdure noire est bien locale ; ce ciel fortement tinté s’accuse bien à travers ce brouillard… ; mais ce maudit chalet !!!

La vue du lac de Brienne est d’un bon effet, d’une touche large et facile ; ses eaux ne sont peut-être pas d’une couleur parfaite, mais elles sont d’un excellent mouvement. Coloriste énergique et chaleureux, M. Diday s’est laissé aller à un peu de crudité dans les teintes violacées qui colorent ses montagnes ; un peu moins de glacis à la laque jaune, et le ton local serait irréprochable. Nous le blâmerons aussi du maniéré de son premier plan ; ce défaut se retrouve encore plus prononcé dans l’Orage sur le lac de Genève. Cette plage parsemée de débris a le fini d’une mosaïque. — Je n’aime pas sa barque, elle est mal gréée ; sa voile ne prend pas le vent de manière à la déchirer, et ses matelots sont sans mouvement ; pour qui a vu en réalité un orage sur le lac de Genève, il y a lieu de s’étonner de l’admirable sans froid de ces braves gens. Nous nous montrons exigeantes peut-être envers M. Diday, mais nous savons qu’il peut satisfaire ces exigeances ; on doit demander beaucoup à un artiste de son mérite.

Les imperfections que nous venons de signaler (si elles existent), sont rachetées par des beautés de premier ordre. Les vagues qui viennent se briser sur le premier plan, sont touchées d’une manière admirable. Pleines de transparence et de mouvement, elles sont d’une vérité de couleur parfaite ; je ne sais que Gudin, pour faire de l’eau comme celle-là.

M. FONVILLE.

Il est une partie matérielle de l’art, sans laquelle un