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de la niche, courut dans les bras de la bonne vieille et tournant gracieusement la tête vers le chien l’appela après lui ; mais Loulou ne bougea pas, il regarda l’enfant avec une sorte de tristesse et se renfonçant dans sa niche, il s’y blottit.

Madeleine eut bientôt fait ses achats à la ferme, alors prenant la main de l’enfant, elle reprit à petits pas le chemin de la ville.

— D’où venez-vous donc voisine, et qui amenez-vous là, dit Christine l’une des habitantes du faubourg où logeait Madeleine. Vous avez acheté une drôle de marchandise, ce me semble.

— Je ne la revendrais pas pour beaucoup, répondit Madeleine, car c’est sûrement un présent que me fait la Providence, et je le reçois de tout mon cœur.

— Mais Dieu me pardonne, reprit la voisine, c’est le fils de cette veuve qui est morte ces jours derniers. On dit qu’il s’est sauvé de peur d’être mis à l’hôpital ; il faudra pourtant bien que ce marmot se décide à y aller, puisque ni vous, ni personne n’en peut prendre la charge.

— Je l’ai prise, dit Madeleine, et je la garderai. Pauvre petit, tu resteras auprès de moi, je travaillerai pour t’élever, et si Dieu m’appelle à lui avant que tu sois en âge de gagner ta vie, quelqu’un peut-être alors consentira à continuer mon ouvrage.

— Y pensez-vous Madeleine ! vous charger de cet enfant quand votre travail suffit à peine à vos besoins.

— Eh bien ! il partagera mon pain si peu que j’en aie ; je continuerai à filer malgré la défense du médecin, et si cela abrège ma vie de trois ou quatre ans cela en sauvera une plus longue et peut-être plus précieuse, qui sait…