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tut en la reconnaissant et continua ses caresses à l’enfant tandis qu’elle, long-temps immobile, ne pouvait détourner les yeux de ce spectacle inattendu.

En ce moment on sortit de la ferme, et bientôt la niche de Loulou fut entourée. Chacun se perdait en conjectures et en questions inutiles sur ce qu’était l’enfant, et personne ne songeait à le secourir. Mais Madeleine l’interrogea : ses naïves réponses lui apprirent son malheur, son abandon, et ceux qui l’écoutaient prononcèrent unanimement le mot si redouté d’hôpital.

— Non, je ne veux pas ! Je ne veux pas, redit encore Louis, et ses traits contractés par une terreur extrême, ses yeux en pleurs et ses petites mains jointes, comme pour implorer la pitié de ceux qui décidaient ainsi de son sort, exprimaient une douleur profonde et pleine d’énergie. Puis par l’effet d’une pensée instinctive, il s’échappa des mains qui s’étaient emparées de lui, et courut se réfugier encore dans la niche du chien, se pressant contre lui et semblant lui dire : adopte-moi, vivons ensemble… Le chien parut le comprendre, car il se plaça à l’entrée de la niche et de là regardant fixement les spectateurs de son œil noir et fier, il sembla les défier.

Madeleine, que l’excès de son émotion avait jusques là privée d’une partie de ses facultés, excitée par un sentiment de vive commisération, oubliant et sa vieillesse et sa misère, tendit les bras à l’orphelin. — Viens à moi cher petit, viens ! Je serai ta mère, tu partageras mon asile et mon pain.

L’enfant la regarda, d’abord avec incertitude et défiance, puis grâce à ce tact si sûr du jeune âge, il reconnut sur la physionomie de Madeleine un sentiment d’amour et de bonté qui rassura son cœur. Alors il sortit