Page:Le conseiller des femmes, 4 - 1833.pdf/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
53

plus convenable d’élever en deux classes des enfans que le destin n’appelle pas à fournir la même carrière, mais nous le demandons, y a t-il plus de prudence à les diviser ? Il nous semble au contraire qu’une fusion générale ne pourrait offrir aucun danger lorsque les enseignantes feraient comprendre aux enseignées les avantages de leur condition respective. Quand à présent ce qu’il y a de plus pressant à faire pour la fille de l’honnête travailleur, ce n’est pas de l’élever jusqu’à la classe riche ou de faire descendre celle-ci jusqu’à elle, l’essentiel est de lui donner d’abord l’éducation primaire, base de tout enseignement.

L’éducation primaire doit être fondée sur le sentiment religieux, il faut que, dégagée du caractère mystique qu’un fanatique clergé a voulu lui donner, la religion soit bien plus inspirée qu’imposée : « Partout, dit Rousseau, où la leçon n’est pas soutenue par l’autorité et le précepte par l’exemple, l’instruction demeure sans fruit et la vertu même perd son crédit dans la bouche de celui qui ne la pratique pas. » La religion ne peut jouer un rôle secondaire dans l’éducation de la femme surtout. Être d’affection elle doit, avant tout, honorer et bénir celui dont elle tient la vie, le sentiment et la pensée ! La morale qui est une pour tous les cultes, a sa place dans tous les cœurs, celui qui veut l’y chercher l’y trouve ! Aimer et croire sont les besoins de tout être que le vice n’a pas flétri. La femme qui ne croit rien, ne respecte bientôt plus rien…

Quoique l’éducation se soit généralement répandue et que toutes les classes de la société puissent en quelque sorte jouir de ses bienfaits, cependant un grand nombre d’enfans restent encore dans l’ignorance, soit que la nécessité fasse aux parens une loi de les occuper à des tra-