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mutuelles affections ; le besoin que les enfans ont de vivre ensemble fait qu’ils cherchent à se faire aimer. Pour être tolérés ils se montrent tolérans, parce qu’ils sentent instinctivement que la vie est un échange de concessions et de sacrifices. Ainsi, en se mesurant à d’autres tailles on trouve la sienne petite ; et l’orgueil, cet ennemi du bien, cède alors sa place au besoin d’acquérir qui sous le nom d’émulation porte à l’étude tous les âges.

L’émulation est particulièrement excitée dans les institutions mutuelles où chacun peut, à son tour, d’élève devenir professeur. Réunis en groupes, les enfans trouvent l’étude plus agréable. D’ailleurs, et ceci n’est pas la moindre considération que nous devions faire valoir dans l’intérêt des femmes, quelle est la mère qui se possède assez pour répondre toujours d’elle-même et pour affirmer qu’elle pourra en toutes choses servir de guide à sa fille ? Quelle est, surtout, la femme du peuple qui en aura le temps et les moyens ? il serait donc à désirer que sans égard aux distinctions de rang, toutes les jeunes filles fussent élevées ensemble afin que le langage pur et les douces manières de celles à qui la fortune a donné des avantages puissent être présentées comme exemples à celles que le sort place au dernier rang de l’échelle sociale. Rien de plus salutaire que de bons exemples, rien de plus doux à copier que de bons modèles ? Les jeunes filles qui n’entendent qu’un langage vulgaire, qui ne voient que de laids tableaux, ne peuvent avoir l’idée du beau. Pour désirer un bien il faut l’avoir apprécié, pour aimer la vertu il faut l’avoir sentie, l’avoir vue face-à-face. La jeune prolétaire initiée aux manières de la fille bien élevée imiterait son ton, son geste, son langage dès qu’elle aurait cru lui reconnaître quelque supériorité. Nous savons qu’on trouve