Page:Le conseiller des femmes, 4 - 1833.pdf/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62

venir, engourdi qu’il était. Il appela celle qui toujours s’empressait de lui répondre et de le ranimer par ses douces caresses ; mais cette fois ce fut en vain : elle était immobile, muette, et un vague effroi s’empara du cœur de l’enfant, il se souleva péniblement, regarda de nouveau sa mère, la secoua pour l’éveiller, puis voulut fuir… Mais la porte qu’il essaya d’ouvrir résista à ses efforts. Alors, étendu près du seuil, il poussa des cris long-tems inutiles et qui s’affaiblirent par degrés. Pourtant vers la fin du jour, deux villageoises revenant chargées de branches sèches, qu’elles avaient ramassées dans la forêt voisine, passèrent auprès de la chaumière et s’arrêtèrent effrayées des gémissemens douloureux qu’exhalait une voix faible et plaintive.

Une de ces femmes ouvrit la porte, et entrant précipitamment heurta du pied la pauvre petite créature, qui s’écria : ma mère ! ma mère ! et tendit les bras vers le lit que la clarté du crépuscule laissait à peine entrevoir. La villageoise y courut, porta la main sur ce lit et la retira en jetant un cri de terreur ; elle avait touché un cadavre…

Après ce premier moment d’effroi, les deux femmes émues de compassion, s’empressèrent d’allumer une lampe qu’elles trouvèrent sous le manteau de la cheminée, puis jetant dans l’âtre, dès long-temps refroidi, le bois qu’elles avaient apporté, elles y mirent le feu qui bientôt pétilla, et répandit quelque chaleur sur les murs glacés de la chaumière.

L’une des villageoises s’approcha du lit funèbre et reconnut que ses soins seraient inutiles ; l’autre s’empara de l’enfant : il était presque mort de froid et de faim.

— Pauvre petit, dit la jeune Marie en le prenant sur ses genoux et cherchant à le réchauffer, il est glacé