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portes en ruine leur livraient l’entrée. Ils parcouraient les rues, cherchant parmi les immondices quelques débris qu’ils pussent dévorer ; souvent même en plein jour, ces animaux, poussant des hurlemens de détresse, quittaient la forêt où rien ne leur offrait plus de nourriture, où l’eau manquait à leur soif ardente ; car toutes les sources s’étaient cristallisées, et ne se précipitaient plus du haut de la colline ; leurs cascades brisées par les rochers y pendaient brillantes et immobiles ; nulle part un signe de végétation ne venait réjouir la vue. La terre semblait tellement inerte et froide, que si l’idée du printems vous était venue, elle vous eût semblé comme un rêve de votre imagination.

Au milieu d’une vaste plaine, qu’entourait à demi une ceinture de rochers, une petite chaumière isolée et sans abri, formait comme une tache noire sur l’éclatante blancheur de la neige. On eût dit cette chaumière inhabitée, sans une faible lueur qui perçait à travers son étroite fenêtre ; car aucun nuage de fumée ne s’élevait au-dessus de son toit. Dans cet asile, battu des vents, un être pouvait-il donc vivre sans rappeler par l’activité vivifiante d’un bon feu, le mouvement dans ses membres engourdis ?… Non ; et l’on mourrait dans cette chaumière, on y mourrait de misère et de froid. Quand le jour vint y pénétrer, ce fut une scène funèbre qu’il éclaira.

Sur un peu de paille le corps d’une femme se trouvait étendu ; elle était expirée dans la nuit, et un jeune enfant dormait attaché à ce corps, comme si d’abord il avait voulu y chercher un peu de chaleur ; sa figure pâle, ses petites mains livides et glacées, différaient peu de la figure et des mains de sa pauvre mère.

Enfin il s’éveilla, voulut se mouvoir et ne put y par-