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roule, selon l’usage des Romains, qui, dans leur amour de luxe, faisaient de la mort même un sujet d’ornement. Là reposent les premiers habitans de Paris ; là se trouvent les premiers tombeaux qui, dans cette ville, furent marqués du signe de la croix. Bientôt le flot de la population va déborder la cité, monter jusqu’à eux, et couvrir du fracas de la vie leur enceinte tranquille.

Non loin de là est le Clos des Arènes, vide, silencieux, abandonné à la ronce. Ses barbares spectacles ont été suspendus à l’approche de sainte Géneviève, douce patrone de la ville dont l’église, fondée par Clovis et Clotilde, commence à s’élever près de là. C’est avec joie que les premiers habitans de Paris, Francs et Gaulois, ont accepté le patronage d’une femme : une femme, une vierge était déjà pour eux, dans leur ancienne foi celtique, un être aimé du ciel, un intermédiaire entre les hommes et la divinité : De Velléda à Ste-Geneviève, il n’y avait pas loin.

La partie septentrionale de Paris présente un autre aspect : ce ne sont pour la plupart que des lieux déserts, des marais, des sables et des bois aussi vieux que la Gaule ; seulement, de distance en distance, quelques champs cultivés commencent à rapporter des fruits, dont les Parisiens hâtent la maturité, en poudrant les arbres où ils pendent, d’une cendre échauffée.

Mais ces champs, que ne remplit pas encore le tumulte de la vie réelle, sont pleins de souvenirs antiques, de ruines sacrées, de symbôles des cultes successifs qui ont passé par là. Sur la rive droite de la Seine, lorsqu’elle vient de baigner la cité, un autel de Cybèle tombe en ruines, au milieu de sables déserts. Au loin s’étendent des forêts séculaires, au sein desquels se trouvent encore de vieux chênes adorés des Gaulois. Dans les clairières,