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naître femme. Ceci est une vérité si commune, qu’elle est passée en proverbe et court les rues ; c’est à tel point que la jeune mère attendant l’époque, fixée par la nature, où elle doit donner le jour à un être nouveau, fait presque toujours dans son cœur le vœu de mettre au monde un homme de plus, moins sans doute pour la gloire d’avoir un fils, que pour choisir le côté où se trouvent tous les avantages, afin de réunir le plus de chances de bonheur possible sur la tète adorée de l’enfant qui possède déjà tout son amour ; amour d’abnégation et de dévouement éternel.

Ce principe posé de l’injustice du sort à l’égard de la femme, pourquoi ne lui serait-il point permis d’en rechercher les causes ? Pourquoi lui serait-il interdit d’espérer les bienfaits de l’amélioration par le progrés ? Quel est l’homme assez injuste pour lui imputer à crime la faculté de penser, quand Dieu lui-même la lui a départie ? Et pourquoi enfin ne pourrait-elle exprimer hautement cette pensée, lorsqu’elle se sent pénétrée d’une conviction intime et profonde ?

N’est-il pas pitoyable que, dans une nation aussi avancée que la nôtre dans la civilisation, la femme soit encore aussi loin en arrière !

Qu’a-t-on fait pour le développement de ses facultés, jusqu’à ce jour ? S’est-on donné la peine de discuter pour elle un plan d’éducation ? Que lui apprend-on ? Où se trouve la part active qu’elle devrait prendre dans les grandes questions d’ordre social, d’intérêts généraux ? Toutes les carrières de l’industrie lui sont-elles ouvertes ? Peut-elle puiser à volonté dans les mines inépuisables de la science ? Peut-elle librement espérer d’acquérir de la gloire, en cultivant les beaux arts, en y consacrant même les plus beaux instans de sa vie ? Oh !