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GRAMMAIRE.

C’est une nécessité de toujours, une condition de la vie, que rendre sa pensée par des mots. Les mots sont les membres du discours, le discours c’est l’un des plus grands modes de manifestation de la vie sociale. Dire, écrire sa pensée, c’est partager avec autrui les trésors de son cœur, de son esprit, de sa raison, c’est traduire en mots tous ses actes, c’est aimer, voir, juger, raisonner.

Il y a en nous deux organes identiques, la vue des sens et la vue de l’intelligence. L’une propre aux objets extérieurs, l’autre interne et cachée qui, jugeant par analogie, va du connu à l’inconnu, voit avec la raison, compare, apprécie, décide. Par elle le logicien réduit un principe à ses plus rigoureuses conséquences, et le vulgarise pour tous en termes précis et clairs.

Raisonner c’est donc apprécier non-seulement la valeur des choses, mais aussi la valeur des mots. Or, si les parties du discours ont toutes une dénomination qui leur soit propre il faut d’abord, et avant tout, connaître leur emploi, leur signification la plus étendue ; en un mot, il faut posséder des notions exactes sur la grammaire qui est, comme on l’a dit tant de fois, l’art de parler et d’écrire correctement. Alors, des mots on peut passer aux choses et devenir logicien, après avoir appris à parler, à écrire. La grammaire et la logique se tiennent, c’est le passage des idées simples aux idées composées, l’ordre et l’enchaînement de toutes choses.

Parler et écrire avec pureté, voilà donc la première condition à remplir en éducation. Nous avons promis de traiter cette matière nous commencerons immédiate-