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mériter l’approbation des femmes en général, et de nos lectrices en particulier.

Il arrive assez ordinairement en éducation, que pour vouloir éviter un mal, on tombe dans un pire. C’est le cas des mères, qui pour tenir leurs filles en garde contre les séductions des hommes les leur représentent comme des êtres immoraux, et les élèvent comme si jamais il ne devait exister entre les sexes aucun rapport, aucune sympathie. Ne vaudrait-il pas mieux, puisque, dans l’ordre moral comme dans l’ordre naturel, la jeune fille est appelée à devenir épouse et mère, lui faire connaître l’importance des devoirs que ces titres imposent, au lieu de perdre, à fausser son jugement, un temps qui ne revient jamais ? L’humanité est un tout composé de parties distinctes, mais homogènes et malléables pour qui sait les harmoniser. Égaux en droits, devant Dieu, l’homme et la femme doivent se rendre mutuellement doux et facile le chemin de la vie. Loin de séparer ce qui doit être uni, et sans mêler des éducations qui doivent être distinctes, tâchons d’épurer assez la morale, pour qu’en naissant, les enfans n’apprennent pas à se craindre, mais plutôt à se tendre une main amie. Ce n’est pas en jetant anathême à l’imprudent que la passion égare, qu’on dominera son caractère. Le mépris fait germer dans le cœur de l’homme plus de vices que la nature n’y en a mis. Quelle que soit donc la place qui nous est assignée, tâchons d’en tirer le meilleur parti possible dans l’intérêt général ; ne faisons à personne ce que nous ne voudrions pas qui nous fut fait, et donnons nos soins à ce que l’éducation obtienne le plus haut degré possible d’extension et de développement, afin que toutes les classes puissent en profiter, et puiser dans les principes d’une morale épurée cet esprit d’ordre, de