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L’éducation épure et modifie les êtres intelligens ; le plus ou moins de résultat est dû aux moyens employés. De là vient que les femmes, en général douées d’une intelligence précoce, sont cependant le plus souvent inhabiles à se conduire par leur propre jugement. Élevées à peu comparer, elles ne savent juger des choses avec profondeur ; leur conversation, même, manque d’ordre, de concision, de logique ; et pourtant, toutes les facultés leur sont données en germe à un haut degré, mais on ne sait pas les diriger, les développer ; on jette au hasard quelques principes généraux et l’on croit avoir bien et dignement travaillé. Jusqu’à nous, dans quel ordre les idées ont-elles été présentées aux femmes ? Quel soin a-t-on mis à les coordonner ? Quels frais a-t-on faits pour leur rendre toutes choses faciles ? Enseignées de la même manière, par les mêmes moyens, sans égard aux ressemblances ou dissemblances, c’est au même moule que toutes les natures ont été jetées, comme s’il pouvait y avoir conformité d’effets, là où il n’y a pas unité de causes. Pour nous, tout en tenant compte de l’intention, nous condamnons le principe, parce qu’il nous est douloureux de voir que peu de femmes encore ont senti les besoins de leur siècle, et de leur sexe. Nous savons qu’il en est de très-supérieures qui tirent parti des contrastes et les harmonisent par une utile et prudente sagesse ; mais nous n’avons en vue que l’ensemble, et ne saurions tirer des conséquences générales de quelques faits particuliers qui semblent, au contraire, justifier nos récriminations. Attachées au progrès, en toutes choses, c’est à substituer le bien au mal que nous consacrerons notre vie, heureuses si nos efforts sont toujours couronnés de succès, et si nous pouvons, pour prix de notre zèle,