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nouveau se présentent à lui ses travaux, ses veilles, sa fatigue ! Toutefois il garde en son coin le souvenir de ses émotions ; par lui que de longues soirées seront abrégées, que de travail sera fait sans ennui !

C’est aux soins de M. Lecomte, directeur de l’administration théâtrale, que nous devons une représentation aussi vraie, aussi complète que celle de la République, l’Empire et les Cent-Jours ; espérons qu’il ne s’en tiendra pas là, et que, bientôt, il nous initiera à d’autres plaisirs du même genre !

C’est une grande administration que celle d’un théâtre comme le nôtre. Rarement les directeurs y ont trouvé le prix de leurs soins. Nous souhaitons vivement que M. Lecomte fasse changer la fortune en sa faveur, et puisse, par la représentation des plus grandes conceptions, inspirer à notre populeuse cité le goût des beaux arts !

Toutefois, jugeant avec notre sentimentalité de femme, nous l’engagerons à ne pas prodiguer ces scènes de fusillade et de mort qui sont trop de notre époque pour ne pas réveiller de fâcheux souvenirs. Le théâtre de tout temps eut une influence puissante sur le caractère des nations. Sophocle et Euripide l’intronisèrent et depuis il n’a pas déchu. Appelé à corriger par le ridicule, à moraliser par l’exemple, il ne doit présenter aux yeux que des tableaux qu’ils puissent fixer, et, à moins que les femmes n’en soient exclues, comment vouloir qu’elles voient, sans douleur, des corps sanglans, des scènes de meurtre ?… Notre siècle est progressif, il se distingue par de grandes pensées, de généreux sentimens ; il veut oubli sur le passé, pourquoi le rappeler ? Pourquoi éterniser des haines qui doivent s’éteindre ? Soyons avant tout de notre temps, et n’ayons souvenir que du bien qu’on nous fit !