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âge, alors que tant d’illusions délicieuses bercent l’existence et font croire au bonheur, que l’on éprouve une douce consolation à se reporter vers ce passé calme et serein.

Entre tous mes souvenirs, il en est un bien digne d’être consigné dans le Conseiller des Femmes. Nulle ne le lira sans attendrissement et sans éprouver un vif sentiment d’admiration pour le pieux objet qui le rappelle.

Madeleine est son nom ; elle n’a point prononcé de vœux, ne tient à aucun ordre ; mais l’intérêt qu’inspire son œuvre la fait saluer, de tous, du nom de sœur.

Je veux que mon récit vous apprenne à connaître cette bonne et excellente fille ; je veux que vous puissiez la citer à vos enfans comme un exemple de charité pure et évangélique, comme un modèle de dévouement.

Si vous saviez combien elle est simple et modeste, vous l’aimeriez comme je l’aime, moi qui l’ai vue faire abnégation d’elle-même, pour ne s’occuper que des êtres auxquels elle se dévoue.

Sœur Madeleine habite le Pont de Beauvoisin, côté de France. Réduite à un revenu annuel de six cents francs, elle trouve, avec cette somme, le moyen de faire du bien, et préserve du malheur un grand nombre d’enfans confiés à ses soins vigilans et désintéressés.

Le Pont de Beauvoisin est une très-petite ville, où il y a peu de gens riches et beaucoup de misère ; les hommes n’ont que de bien faibles ressources pour gagner leur vie ; car il n’y a aucune industrie spéciale qui assure un salaire journalier au père de famille, aucune manufacture où il puisse, selon ses forces et son talent, travailler pour subvenir aux besoins de ses enfans. La