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droit au plus fort et qui ferait douter de l’existence de Dieu, si Dieu n’avait écrit l’espoir dans le cœur du sexe, qu’il a créé le plus faible, et enrichi son intelligence de mille dons précieux ; il faut pour oser plaider une telle cause, avoir un noble but en perspective et porter à un haut degré, dans son ame, l’amour de l’humanité.

Cependant, animée par de tels motifs, on doit marcher avec calme, et dire toute sa pensée, sans crainte, parceque, s’il arrivait qu’on dût rester incomprise, du plus grand nombre, il est impossible qu’on ne recueille quelque sympathie pour une opinion énoncée avec franchise, pour une idée religieuse ou morale professée de bonne foi.

Dans ce journal, consacré à l’instruction des femmes, la fille du peuple, surtout, sera l’objet de notre constante sollicitude ; c’est elle qui a le plus grand besoin d’être éclairée ; car, c’est elle, parmi toutes les femmes, qui court le plus de dangers, étant la créature le plus misérablement traitée par nos institutions sociales. Nous plaiderons aussi sa cause auprès des femmes de la classe privilégiée, afin, que voulant bien mettre de côté les distinctions de rang et de fortune, elles aient de l’amour et des soins à donner à cet autre classe intéressante de la société. La femme peut beaucoup et par son intelligence, et par la douceur de sa voix ; qu’elle sache donc enfin tourner au profit de son sexe les avantages qu’elle a reçus de la nature ; qu’elle médite et comprenne cette grande vérité : la femme ne sera véritablement forte que lorsqu’elle sera, de bonne foi, l’amie de son sexe ; c’est la première vertu de l’homme qu’elle doit chercher à imiter, si elle ne veut point demeurer éternellement son esclave. L’esprit de corps lui manque ; de cette cause naissent sa dépendance et son asservissement.