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récréations, car sans elle les enfans n’éprouvent point de joie ; tout les attriste et les inquiète, tant ils comprennent qu’ils ont besoin de sa protection, de son appui.

La sœur leur inculque de bonne heure des principes religieux : « Croyez à la bonté de Dieu ! Aimez-vous les uns les autres ! leur répète-t-elle sans cesse, vous serez justes et vertueux. »

La matinée est employée à lire et à écrire, et l’après-midi, consacrée à divers ouvrages. Puis, le soir, Madeleine recommence sa promenade, rendant chaque enfant à sa mère, et recevant, en échange, les bénédictions de l’une, les caresses de l’autre.

Que le sommeil doit être doux après un tel emploi du temps, qu’il doit être calme et exempt de mauvais rêves ! Bonne sœur dors en paix ! Dieu t’aime, il veille sur toi, sur les tiens !

Cependant un jour vint où toutes ses ressources furent épuisées, où le dénuement le plus complet vint l’accabler. Elle répandit des larmes amères, sœur Madeleine, car ses enfans allaient souffrir, ils allaient de nouveau être livrés à eux-mêmes et privés de ses soins. Elle n’osait plus réclamer l’assistance des dames de la ville ; elles avaient déjà tant et si souvent donné, qu’elle craignait un refus. Ô mon Dieu ! mon Dieu, secourez-moi, s’écriait-elle dans son désespoir, faites que je puisse encore les élever et leur apprendre à vous servir. Et Dieu l’entendit et l’exauça : une dame étrangère, qui se trouvait au Pont, lui offrit une forte somme qui l’aida à continuer son œuvre, jusqu’au moment où elle recevait habituellement ses petites rentes.

Je recueillis ces renseignemens pendant le court séjour que nous fîmes au Pont, ma mère et moi, au milieu de l’été, 1826.