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La Princesse Camion.

pour vous les exprimer. Mais ce qui me tranſporta le plus, c’eſt que le prince charmant parut enchanté de moi ; peut-être le ſentois-je trop pour ne pas aider à m’y tromper ; mais enfin je crus voir dans ſes yeux qu’il ſentoit ce qu’il m’avoit fait connoître. Citronette plus attentive à mon bonheur qu’à reſpecter notre extaſe, nous en tira, en le priant de m’écorcher ou de m’épouſer. Alors revenant à moi & ſentant le danger de ma ſituation, je me joignis à elle ; & par nos cris & par nos larmes, il ſe réſolut de me donner ſa foi ; je ne l’eus pas acceptée qu’il diſparut ſans ſavoir comment, & je me trouvai dans ma forme ordinaire, couchée dans un bon lit : il n’étoit plus queſtion d’être baleine, mais j’étois toujours dans les entrailles de la terre, dans le ſallon verd ; & Citronette avoit perdu la puiſſance d’en ſortir, & de ſe transformer.

J’attendois les fées avec un tremblement effroyable ; ma tendreſſe avoit redoublé par la connoiſſance de ſon objet, & je craignois que mon charmant époux ne fût compris dans la vengeance des fées, ne les ayant pas attendues pour être témoins de mon mariage. Citronette avoit beau vouloir me raſſurer, je ne pouvois vaincre ma douleur &