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La Princesse Camion

Je reſtai avec Citronette, qui me fit enviſager que c’étoit un bonheur pour moi que d’être poupée d’émail ; j’en ſoupirois quand je ſongeois que mon prince n’auroit jamais de goût pour une telle babiole ; mais enfin le déſir de le voir & de le connoître l’emporta ſur celui de lui plaire, & je réſolus d’accepter le parti qu’on m’avoit propoſé, d’autant plus que Zirphil (car on me l’avoit nommé) pouvoit fort bien être prévenu par le roi des Merlans, & cette idée me faiſoit mourir de douleur.

Citronette me diſoit qu’il chaſſoit tous les jours dans la forêt qui étoit au-deſſus de moi, et je lui faiſois prendre tous les jours la forme d’un cerf, d’une biche ou d’un ſanglier, pour m’en venir dire des nouvelles qui ne manquoient jamais de ſe rapporter à ce qu’en penſoit mon cœur ; car elle me le peignoit cent fois au-deſſus du portrait que j’en avois, & mon imagination l'embelliſſoit encore, ſi bien que j’étois réſolue de le voir ou de mourir. Je n’avois plus qu’un jour à attendre les fées ; & Citronette étoit en ſanglier dans la forêt pour charmer mon impatience, lorſque je la vis revenir ſuivie du trop aimable Zirphil. Je ne puis vous peindre ma joie & mon étonnement ; il n’y a point de termes propres