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La Princesse Camion

pour lui demander pardon d’avoir troublé ſon repos ; il la releva, & l’embraſſant tendrement, la paix fut bientôt faite, elle me préſenta à lui.

J’ai honte de vous dire qu’il fut charmé & ſurprit ; car, comment me croiriez-vous, belle princeſſe, dit la voix qui s’interrompit, moi, la plus vilaine de toutes les écreviſſes ? Hé ! je vous crois de reſte, reprit celle à laquelle on parloit : moi, qui pouvois me vanter d’être charmante, peut-on l’être ſous cette vilaine écaille ? Mais, pourſuivez, je vous ſupplie, car j’attends avec impatience la fin de votre hiſtoire. Hé bien donc, dit l’autre voix, le roi fut enchanté de moi, me fit mille careſſes, & demanda à la reine ſi elle ne ſavoit aucunes nouvelles. Hélas, dit-elle, qui dans ce déſert peut m’en venir dire ? De plus, uniquement occupée à pleurer votre métamorphoſe, je cherche peu à m’inſtruire d’un univers qui ne m’eſt rien ſans vous : Hé bien, dit le roi, je vais vous en dire, moi : car ne croyez pas que j’aie toujours dormi. Les fées, qui veillent pour nous m’ont fait voir mes ſujets punis. De tout mon royaume elles ont fait un vaſte étang, & tous les habitans ſont autant d’hommes-

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