ſeules l’habitoient, & leurs cris n’épouvantèrent point l’âme magnanime de notre prince.
Un ſoir, il apperçut de fort loin une lumière qui lui fit croire qu’il approchoit de la grotte ; car quelle autre qu’une fée eût pu demeurer dans cet horrible déſert. Il marcha long-temps pendant la nuit ; enfin, au point du jour, il découvrit la fameuſe grotte ; mais un lac de feu la ſéparoit de lui, & toute ſa valeur ne pouvoit le ſauver des flammes qui ſe répandoient à droite & à gauche. Il chercha long-temps comment il pourroit faire, & ſon courage penſa l’abandonner quand il vit qu’il n’y avoit pas ſeulement un pont ; le déſeſpoir le ſervit mieux ; outré de chagrin & d’amour, il réſolut de finir ſa vie dans le lac, s’il ne pouvoit le traverſer. Il n’eut pas plutôt pris cette étrange réſolution qu’il l’exécuta, & ſe jetant à corps perdu dans les flammes, il ſentit une petite chaleur douce qui ne l’incommodoit point, & paſſa ſans peine de l’autre côté. À peine fut-il dehors, qu’une ſalamandre jeune & belle, ſortit du lac, & lui dit : Prince Zirphil, ſi votre amour eſt auſſi grand que votre courage, vous devez tout eſpérer de la fée Lumineuſe elle vous aime, mais elle veut vous éprouver