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La Princesse Camion

ce qu’il faut qu’il faſſe : il ſuffit, dit la princſſe Baleine en rougiſſant encore, que vous me donniez votre bague, & que vous receviez la mienne ; voilà ma main, recevez-la pour gage de ma foi. Je n’eus pas fait ce tendre échange & baiſé la belle main qu’elle me préſentoit, que je me retrouvai ſur mon cheval, au milieu de la forêt ; & qu’ayant appelé mes gens, ils vinrent à moi, & je revins ici ſans pouvoir dire une parole tant j’étois étonné. Depuis, toutes les nuits je ſuis tranſporté, ſans ſavoir comment, dans le beau ſallon vert, où je paſſe la nuit auprès d’une perſonne inviſible ; elle me parle, & me dit qu’il n’eſt pas encore temps que je la connoiſſe… Ah ! mon fils, s’écria la reine, il eſt donc poſſible que vous ſoyiez réellement marié. Mais, madame, reprit le prince, quoique j’aime infiniment ma femme, j’aurois ſacrifié cette tendreſſe ſi j’avois pu ſortir d’avec elle ſans cela. À ces mots, il ſortit une petite voix des poches de la reine, qui dit : Prince Zirphil, il falloit l’écorcher ; mais votre pitié peut-être vous ſera fatale.

Le prince, ſurpris de cette voix, demeura tout interdit. La reine voulut en vain lui cacher la cauſe de cette aventure, il fouilla promptement dans cette poche qui étoit ſur le fauteuil


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